30 MEMORIALE ITALIANO Fiume ville libre de tout mélange ou union avec la Croatie: Separatum sacrum regni Hungariae coronae adnexum corpus... neque cum alio Buccarano vel ad regnum Croatiae pertinente ulla ratione commisceatur. Ces privilèges furent confirmés par des lois hongroises successives et par la « Constitution de la libre ville de Fiume ». Dès que fut proclamée la décadence de la dynastie des Habsbourg, Fiume revendiqua le droit de disposer d’elle-même et proclama, le 29 octobre 1918, son union à l’Italie, à laquelle, affirmant la tradition du Risorgimento, le programme des Carbonari l’avait déjà attribuée en 1822. L’Italie, lorsqu’elle proclame son droit d’accepter et de faire reconnaître l’acte spontané par lequel Fiume s’est donnée à elle, a, en même temps, la conscience d’obéir aux exigences de l’exploitation économique rationnelle du territoire auquel ce port doit servir. D’autre part, l’Italie sait bien que, par là, elle n’obtient qu’une des compensations qui lui sont dues, selon l’esprit de la Convention signée avec ses Alliés à la suite des plus grands efforts et sacrifices accomplis par l’Italie pendant la guerre et en vue des conditions nouvelles créées par l’écroulement de l’Autri-clie-Hongrie. Au moment où l’Italie entra dans la coalition formée par ses Alliés actuels, elle prit un engagement limité, d’après la Convention militaire signée dans cette occasion, par l’obligation qu’avait prise la Russie de tenir engagées contre l’Autriche-Honrgie un minimum donné de forces (afin d’éviter que l’Autriche-Hongrie concentrât tout son effort contre l’Italie dans le cas que la Russie se tournât principalement contre l’Allemagne). Les événements politiques intérieurs de la Russie l’amenèrent à la paix séparée et eurent ce double résultat que l’Autriche-Hongrie, délivrée de toute nouvelle pression, put concentrer la totalité de ses forces contre l’Italie, et que l’Allemagne, libre à son tour de l’étreinte de son ennemi oriental, eut le moyen de prêter à l’Autriche-Hon-grie ce secours considérable qui, à un moment donné, détermina un contre-coup si grave, au détriment de l’Ialie. En vérité, si les autres alliés furent dédommagés de l’effort supplémentaire rendu nécessaire par la défection de la Russie, grâce à l’intervention américaine, par contre le front italien, ainsi que l’a reconnu et regretté si noblement le Président Wilson, ne reçut aucun apport du même genre, qui permît de diminuer l’âpre effort soutenu par l’armée nationale. L'Italie dut donc supporter plus que toute autre