34 MEMORIALE ITALIANO torio Veneto, sous le dernier choc violent de l’armée italienne. Une fois que la monarchie a disparu de la liste des Etats, la nécessité cesse de lui conférer la domination politique de ce débouché commercial. La leçon de plus d’un siècle, de la proclamation de Marie-Thérèse qui déclare Fiu-me port séparé de l’Etat hongrois sans la moindre immixtion de la Croatie, jusqu'aux dernières délibérations du Conseil national, est bien qu'il serait impossible de lier Fiume au sort d’un nouvel Etat yougo-slave sans déformer une situation de fait dans laquelle se traduit un état d’âme invariable. Personne ne pourrait donc contester raisonnablement le droit de l’Italie à recueillir de la paix de tels fruits dont la plupart lui avaient été garantis avant son entrée en guerre en vue d’un effort et de sacrifices infiniment moindres que ceux qu’elle dut s’imposer dans l’intérêt commun. Si l’on conteste ou marchande les requêtes de l’Italie on ne peut le faire pour des raisons objectives et intrinsèques, mais seulement en s’inclinant outre mesure devant les prétentions des Yougo-Slaves. Or ces prétentions semblent bien singulières venant de ces Slaves qui jusqu'à la dernière minute prirent une part déterminante à cette guerre, se battant avec une énergie particulière contre l’Italie. Hier encore l’un des journaux les plus importants des Yougo-Salves avouait qu’ils s’étaient battus comme des lions contre l’Italie, c’est-à-dire contre l’Entente, pour ce qu'ils voulaient appeler leur domaine. Le Gouvernement austro-hongrois, voulant presque les récompenser du caractère loyaliste et dynastique qu’ils avaient conservé jusqu’aux derniers temps à leur mouvement en faveur d’un Etat yougo-slave dans le cadre de la monarchie des Habsbourg, leur conféra, à la dernière minute, par la livraison de la flotte, une sorte de mandat de confiance qui doit tout au moins rendre les Alliés circonspects au moment où ils auront à délibérer sur l’avenir de ces peuples. De toute façon l’Italie avait prévu, à la veille de se joindre aux ennemis des empires centraux, cette éventualité de voir contestées, au lendemain de la victoire, ses justes revendications, et cela de la part d’alliés qui auraient pu avoir, à certains égards, des intérêts et des programmes politiques différents et partiellement même opposés aux siens. C’est en vue d’une pareille éventualité qu’elle proposa et accepta un compromis comportant des renonciations indiscutables sur la rédemption intégrale des terres et des gens de nationalité italienne, et que l’Italie précisa le minimum des acquisitions qui, tout en donnant satisfaction dans une certaine mesure aux demandes justifiées des autres, lui auraient donné la certitude que, la guerre une fois terminée avec succès, les es-