MEMORIALE ITALIANO 33 sion, peut-être bien même dans les premiers temps au prix de quelques sacrifices que son budget pourra aisément supporter en équilibrant les profits et les pertes qui dériveront de l’administration cumulative de tous ces ports. Trieste et Fiume, dans les mains de l'Italie, pourront jouir, sans entrer en conflit et au profit de leur territoire respectif, de services maritimes raccordés plus vastes et meilleur marché, toujours plus parfaits, tandis que certains services maritimes aménagés séparément pour Trieste et pour Fiume ne pourraient être ni rationnels ni bon marché. Trieste s’appuyant à une grande nation comme l’Italie pourrait les obtenir, mais non Fiume, au détriment de la ville même et du territoire qu’elle dessert, qui serait obligé de payer pour ces services des frais beaucoup plus élevés que ceux qui lui incomberont si Fiume est italienne et peut profiter des services cumulatifs que l’Italie organisera pour les deux ports de l’Adriatique septentrionale. En d’autres termes et non seulement à cet égard, l’Italie pourra exercer, au profit des deux ports et des pays producteurs et consommateurs de l’intérieur, cette fonction de régularisation, d’intégration et d’aide pour laquelle las autres Etats et surtout un Etat croate ou yougo-slave n’auraient pas des moyens suffisants, une préparation technique ni même un critérium d’impartialité. Le problème de Fiume relié si étroitement à celui de Trieste est un problème italien, il est vrai, en tant qu’il concerne les intérêts d’une ville surtout italienne et se relie à l’autre problème de la frontière orientale de l’Italie, mais en même temps problème européen par la signification qu’il acquiert de défense anti-germanique, puisque seulement Fiume italienne peut garantir le développement de l’entrepôt sauvegardant le port et les pays qu’il dessert (surtout la Hongrie) contre le danger du dilemme : ou la ruine économique ou l’aide et alors l’hégémonie, ne fût-ce qu’économique, des Allemands. Ainsi qu’on l’a répété, Fiume croate veut dire Fiume hongrois ou austro-hongrois ou allemand, ce qui au fond revient au même. En concluant, s’il est vrai que d’après le Pacte de Londres Fiume pouvait se relier au royaume de Croatie par la continuité territoriale avec ces pays, il n’est pas moins vrai que ce pacte ne présupposait pas la chute de la monarchie des Habsbourg dont ce royaume faisait partie. Dans ce cas on pouvait s’expliquer qu’à la Transleithanie et encore mieux à une population de 50 millions d’habitants l’on réservât la domination politique d’un port libre dans l’Adriatique dont elle aurait été bien capable de soutenir le poids. Mais à présent la monarchie des Habsbourg est tombée sur le champ de bataille de Yit- 3