MEMORIALE ITALIANO 31 les doubles conséquences de la défection russe, devant multiplier son effort militaire et faire supporter à ses populations les plus grands sacrifices, ce qui autoriserait un développement général des compensations prévues pour un effort et des sacrifices tellement plus restreints. L’Italie veut prouver encore une fois sa grande modération et se contente de demander ici, toujours selon l’esprit de ce même pacte, la ville de Fiume (avec son district) qui, au point de vue national, est italienne dans sa très grande majorité, qui a proclamé librement sa volonté d’être unie à l’Italie et qui complète, sur un point extrême et justement pour cela plus délicat, l’organisation défensive .de la frontière terrestre qui, sans cela, aboutirait à une ligne insoutenable fixée par la frontière administrative entre l’Istrie et Fiume, jusqu’à présent faisant partie du même Etat. La possession italienne de Fiume complète le programme de défense antiallemand dans l’Adriatique. Il n’y a que l’Italie, grande puissance maritime, qui peut avoir le moyen de réaliser ce programme répondant a un intérêt collectif des nations qui ont combattu ensemble cette guerre. Un écrivain français, traçant les grandes lignes de la paix future, écrivait dès 1915: « Trieste et Fiume, sous des dehors autrichiens et hongrois, sont surtout des ports allemands, les organes méridionaux de ce système de domination, dans lequel Hambourg et Brème remplissent dans la mer du Nord les mêmes fonctions ». Il faut empêcher qu’après avoir enlevé à cette domination indirecte de l’Allemagne sur la mer Adriatique l’un de ses organes, Trieste, l’autre, Fiume, ait le moyen de continuer sous des dehors yougo-slaves sa fonction d’instrument germanique et cela peut-être bien malgré l’intention et la volonté d’un nouvel Etat slave, incapable, dans son impréparation inévitable, d’éliminer les anciennes influences et de prévenir le redoublement des efforts allemands qui se concentreront, après avoir été éloignés de Trieste, sur ce seul point d’infiltration possible. D’autre part, même une confédération danubienne orientée contre l’Allemagne, au cas où elle pouvait se constituer, ne serait pas capable de remplacer l’Italie dans cette mission sans de grands retards dont l’ennemi profiterait à l’aide de ces fictions financières dans lesquelles il est passé maître. Les aptitudes naturelles et les moyens techniques, que possède une nation maritime comme l’Italie, sont indispensables. Or, l’Italie, en mettant son nouveau port, comme celui de Trieste, complètement à