28 MEMORIALE ITALIANO le maître des îles, aurait à chaque instant le loisir de faire de la pleine mer Adriatique le théâtre d’une bataille navale. Dans ce cas la flotte italienne, qui devrait en partie arriver de Venise, en partie de Brindisi, se trouverait exposée à voir contre une partie seulement de cette force tout le gros des forces ennemies et courrait le risque de se voir battre successivement dans ses deux fractions avant d’avoir pu réaliser sa jonction tactique. Cet état de choses ne serait pas profondément modifié par l’acquisition de Pola et produirait toujours l’assujettissement absolu de l’Etat qui ne serait maître que de la seule côte occidentale de l’Adriatique. La Dalmatie constitue donc une menace pour l’Italie dès qu’elle est entièrement dans les mains d’une autre Puissance; mais une partie de la Dalmatie dans les mains de l’Italie, tout particulièrement dans des limites réduites, auxquelles se restreindraient désormais les demandes de l’Italie, ne constitue une menace pour personne. La dernière guerre en a donné la preuve. Avec toute sa flotte l’Italie a été empêché« d'ope-rer une attaque de valeur décisive contre la force navale de son adversaire qui se tenait cachée dans les ports et dans les canaux du rivage d’en face. Et même la coopération de forces navales françaises et anglaises d’une certaine importance ne parvint pas à lui permettre de réaliser un plan de bataille. L’Italie fut obligée de consacrer toutes les forces de sa marine dans le cours de la guerre à des efforts épuisants pour so propre défense, se limitant à lancer un défi qui ne fut jamais accepté et à accomplir quelques audacieuses actions d’éclat. L’Autriche-Hongrie, au contraire, eut le moyen d’attaquer, de bombarder les villes sans défense de la côte italienne et parvint toujours à s’abriter derrière le rideau admirable de sa côte avant qu’elle pût être rejointe par les forces de l’Italie et de ses Alliés qui pourtant montaient sans cesse la garde. Pour empêcher qu’elle puisse rester dans un état d’infériorité permanente et absolue dans l’Adriatique, l’Italie est donc qualifiée pour demander, d’accord avec le principe énoncé, que la côte èt les îles de l’Adriatique qui seront attribuées à d’autres Etats soient neutralisées, en défendant toute fortification maritime et terrestre et en exigeant le démantèlement immédiat de tous les ouvrages militaires et de tous les armements qui pourraient V exister. Pour ce qui concerne la zone entre Zara et Sebenico, aucune forme de neutralisation — vu la configuration générale de la côte avec ses îles — ne suffirait pour empêcher à n’importe quel