PROJET DE FÉDÉRATION EUROPÉENNE 143 vant, mais, dans beaucoup de pays, la démocratie parlementaire semble vouée à l’impuissance et la dictature soviétique ou fasciste devient le substitut dangereusement populaire d’un parlementarisme délaissé Les germes de conflit subsistent toujours. Désirs de revanche, questions d’Autriche et de Hongrie; multiplication des minorités nationales, questions de Macédoine, du Corridor polonais ; Haute Silésie ; nouveaux impérialismes, besoins d’expansion ; révision des traités, désarmement. Les gouvernements se trouvent condamnés à un état d’hostilité permanente, une nouvelle guerre apparaît toujours menaçante. En 1926, les Etats-Unis abandonnent le vieux monde à sa destinée. « Dans l’Asie, si longtemps lointaine, aujourd’hui tra-« vaillée par de nombreux ferments, voici non seulement « que le Japon se dresse, mais que les peuples, jusque-là « dominés et relégués : l’Inde, l’Indo-Chine et la Chine, « surgissent pleins de menaces, adressant leur défi non « pas seulement à la Grande-Bretagne ou à la France, « mais à toute l’Europe. « Voyez cette vieille Europe devenue dépendante, « endettée comme le plus obéré des fils de famille. « Songez à l'effroyable disparition du personnel euro-« péen : plus de 8 millions et demi de morts dans le « déchaînement de folies qui dura quatre années » (2>. Et pourtant, pendant cette douloureuse période de 1920-1930, les esprits généreux, qui veulent quand même croire à la Société des Nations, et qui se sentent placés (1) La Grèce, le 6 mars 1933, a également installé une dictature. (2) Herriot, Europe, Paris, éditions Rieder, 1930.