RIVALITÉS DES GRANDES PUISSANCES 27 Mais cette puissance n’était qu’illusion. Parce que l’empire ottoman, héritier de l’empire byzantin, en avait pris complaisamment les vices et parce que les Turcs vainqueurs n’ont jamais pu se fondre avec les peuples vaincus, l’empire ottoman demeura toujours formé de deux couches de populations superposées et réfractaires : les vainqueurs et les vaincus. Ce fut le vice essentiel de sa constitution. De 1595 à 1617, Michel le Brave en Valachie battit le grand Vizir Sinan Pacha devant Bucarest et lui fit repasser le Danube. Il conquit la Transylvanie et la Moldavie ; il restaura ainsi l’ancienne Dacie et fit un moment l’unité de la nationalité roumaine. De son côté, la Russie, échappant à la domination mongole, songeait à reprendre vers l’orient ses destinées interrompues. Les Romanoff, en 1613, adoptèrent de bonne heure la civilisation européenne, pour se rendre dignes de conduire contre l’Islam, venu d’Asie, la revanche de l’Europe. Enfin, au milieu du xvne siècle, l’Autriche menaçait la Hongrie turque ; la Russie poussait au sud les cosaques t du Don et faisait le tour de la Caspienne. C’est tout autour de ses frontières, du Danube au Gange, que l’Islam allait avoir à soutenir l’assaut des chrétiens. Mais, pendant toute cette période, la France de François Ier, en lutte avec Charles-Quint et la Maison d’Autriche, se décida à l’alliance turque. Cette alliance, qui eut d’ailleurs, à l’époque, des avantages sérieux et durables, commença d’être, du xvie au xvme siècles, une tradition essentielle de sa diplomatie.