54 DANUBE ET ADRIATIQUE querait plus qu’à la disette de viande, qu’on n’a pas su prévoir, au manque de légumes, de riz et d’olives qui menace, vînt s’ajouter encore les difficultés très sérieuses d’une disette de farine. Par contre, les partisans d’une action immédiate aux cotés des Alliés ne ménagèrent pas leurs félicitations au Bureau britannique : « Les meuniers roumains viennent de refuser de livrer des farines à la Turquie. Il ne s’agit pas seulement d’un marché ordinaire, que deux concurrents se disputent et que l’un d’eux vient de perdre. Le contrat intervenu avec le Bureau britannique a une grande importance, tant en raison de la situation en Turquie, que de la politique roumaine. La situation en Turquie est actuellement lamentable, au point de vue économique comme au point de vue politique. Déjà, en temps de paix, en raison du manque de communications, de la spéculation et du défaut de méthode, l’approvisionnement est loin d’y être satisfaisant. Aujourd’hui, avec les besoins de l’armée, avec l’arrêt de l’exportation russe et roumaine, c’est la famine. Dans un but de lucre, les gouvernements turcs, sous le couvert de l’Administration, ont bien accaparé, mais c’est pour vendre eux-mêmes à des prix exhorbitants et s’assurer, après la défaite, qui ne fait plus de doute, un confortable avenir. Les grands alliés allemands de la Turquie ont suffisamment à faire pour se nourrir eux-mêmes, ils ne peuvent pas songer à aider les Turcs. Comme partout, l’Allemagne abandonne et abandonnera ses amis. C’est donc pour les Turcs une question de vie ou de mort : le représentant de la Turquie à Bucarest ne l’a d’ailleurs pas caché dans les efforts suprêmes qu’il a faits pour obtenir l’aide roumaine.