LE RAPPROCHEMENT ÉCONOMIQUE FRANCO-ITALIEN 233 succès, car 600.000 tonnes de marchandises yougo-slaves transitent par Trieste, tandis que le port yougo-slave de Sussak (1) ne fait pas la moitié du trafic de celui de Fiume : 240.000 tonnes contre 500.000. « On peut donc dire que l’Italie a su acquérir une position économique prépondérante en Europe centrale et notamment en Yougoslavie. « En présence de ces faits économiques, devons-nous contrecarrer ou appuyer l’Italie ? La réponse n’est pas douteuse, il faut s’entendre. » Avant d’examiner les modalités possibles d’une entente, il est utile de confronter les relations respectives d’échanges de l’Italie et de la France avec les pays danubiens, dont voici un bref aperçu : Le commerce de l’Italie avec les cinq pays danubiens a été en 1929 de 2.926 millions de lires, soit 8 % du commerce extérieur global de l’Italie ; en 1931, 2.190 millions de lires, soit 10 % du commerce global. Le groupe des cinq pays danubiens occupe le 5e rang parmi les clients de l’Italie, la France venant immédiatement après. Au contraire, le commerce de la France avec les pays danubiens est de faible importance par rapport à l’ensemble de ses échanges, soit 1.48 % des exportations françaises, 1.59 % des importations . « Une avance sérieuse des échanges franco-danubiens ne saurait de longtemps porter préjudice à l’Italie. « D’autre part, les deux nations sont en faible concurrence sur ces marchés ; il existe pour chacune d’elles une spécialisation qui ne peut que faciliter l’entente au départ. (1) Y. plus haut : Italie et Albanie. M. Etienne Fougère n’est pas d’accord sur ce point avec Gaetano Salvemini qui constate au contraire un relèvement rapide du port de Sussak.