LA QUESTION DES EMPRUNTS 271 d’une situation financière et économique, dommageable pour tous |4). L’Etat français, dans sa souveraineté, prêtait directement à un autre Etat souverain. Aucune autorité internationale, en avalisant en quelque sorte notre geste ; en contrôlant les conditions dans lesquelles il était fait et les fins qu’il devait servir ; en se faisant, enfin, le gérant de nos intérêts ; et en nous procurant ainsi des sécurités que la France ne peut prétendre obtenir à elle seule, sans donner à son action le caractère d’une véritable colonisation, ne venait manifester que les prêts consentis avaient un caractère d’intérêt général européen, au point de Vue économique et financier. Nos avances pouvaient donc bien s’inspirer d’un sentiment de solidarité financière, il était inévitable que certains pussent se croire autorisés à y discerner d’autres intentions. En effet, ces prêts ont alimenté des budgets d’Etats; dont l’équilibre; en fait, était le plus souvent compromis par la charge effrayante des dépenses militaires. De là à dire que la France finançait les armements de l’Europe centrale, il n’y avait qu’un pas. Comment éviter également qu’on ait voulu voir dans notre politique de prêts le seul désir de créer entre nos débiteurs et nous un lien de dépendance et de nous assurer d’eux, suivant les formules les plus désuètes de la politique des alliances. Et c’est ainsi que s’est créé entre les pays d’Europe centrale et nous, l’un des plus graves parmi les malentendus qui composent à l’heure actuelle le conflit psychologique, qui pèse d’un poids si lourd sur l’Europe ; d’une part, dans l’opinion publique française, la conviction que la France (1) J. 0., Débats parlementaires, Chambre des Députés, séance du 29 décembre 1932.