LA QUESTION D’AUTRICHE 79 « admission comme membre de la Société des Nations, « par voie de participation aux affaires d’une autre puis-« sance. » Dès 1920, I’Autriche nouvelle fut donc ainsi constituée comme une République indépendante au centre de l’Europe. Certaines difficultés apparurent immédiatement : capitale trop grosse pour un corps trop mince Vienne absorbant près du tiers de la population totale ; opposition des deux millions de citadins aux quatre millions de paysans ; trop grand nombre d’anciens cadres administratifs, en face d’éléments agricoles et industriels insuffisants ; finances presque impossibles à établir et à maintenir, à cause du déséquilibre entre producteurs et consommateurs. Et ici je laisse encore la parole à M. Henry Béren-ger : « Ajoutons à cela un mal moral, dû aux conditions mêmes « de la naissance. Il est dur, après avoir été le centre d’un « Empire où ne se couchait pas le soleil, d’être devenu « celui d’une province où les rayons n’arrivent direc-« tement d’aucun côté. Vienne se souvenait d’un passé « trop impérial pour son présent « petit bourgeois ». Elle « s’étiolait dans l’ombre immense de ses souvenirs. Dé-« classée par la médiocrité de sa condition d’après-guerre, « cette ancienne impératrice des nations ne se sentait « guère le courage d’essayer de vivre en marge d’une « nation qui était sa consanguine. Aussi la misère, une « grande misère matérielle et morale, s’empara-t-elle de « la nouvelle Autriche ; la guerre civile, ce fléau des « peuples démembrés et affaiblis, régna en maîtresse à « Vienne, et l’on aurait pu désespérer de faire vivre l’Etat « nouveau, si la Société des Nations, consciente des