68 DANUBE ET ADRIATIQUE gne, s’emparant du duché de Vienne, sous la forme d’un Anschluss ou Grossdeutch, trouverait ainsi des compensations aux sacrifices qu’elle avait dû consentir à son alliée pendant la guerre. Cette préoccupation dominante de la Roumanie, d’atténuer, pour l’avenir, vis-à-vis de l’Allemagne les conséquences de son intervention auprès des Alliés, explique toute l’attitude du royaume danubien de 1914 à 1916. En fait, les réquisitions et les concentrations se multiplièrent bientôt dans le royaume danubien. La municipalité faisait badigeonner de noir et de blanc les réverbères de la capitale, on signalait un exode assez sérieux des populations roumaines de Giurgiu, et l’on prêtait au gouvernement de Bucarest l’intention, au cas échéant, de quitter la capitaK qui n’est qu’à 50 ou 60 km. de la frontière bulgare, pour se retirer dans la huitaine ou dans la quinzaine à Galatz. On disait aussi que plusieurs centaines de familles austro-hongroises, installées depuis de longues années en Roumanie, avaient commencé à déguerpir. A ce moment, les puissances centrales eurent l’impression très nette de l’inutilité de leurs efforts diplomatiques ; elles comprirent que la Roumanie allait entrer en guerre aux côtés des Alliés. Le 23 août 1916, en effet, la Roumanie déclara la guerre a l’Autriche-Hongrie, et l’Allemagne se rangea aussitôt aux côtés de son alliée contre le royaume danubien. La décision du gouvernement libéral roumain est-elle résultée des négociations diplomatiques franco-italiennes et de l’intervention italienne elle-même le 21 avril 1916 ? A-t-elle été due à la pression et à la séduction russes ?