LA FRANCE ET L’iTALIE EN EUROPE 119 « républicain, nous font souhaiter, entre votre dictature « et notre démocratie, une explication loyale et totale, « nécessaire pour dissiper les obscurités et les malentendus ; « chasser à jamais de l’esprit de l’Italie le soupçon d’une « tentative d’hégémonie de la France dans une partie « quelconque de l’Europe et faire succéder à une amitié « mouvementée, une amitié paisible, fondée sur un statut « durable. » A Rome, le 6 janvier 1933, dans une interview donnée à la Tribuna, M. de Jouvenel a ajouté : « Je ne désire « aucune hégémonie pour mon pays et je suis convaincu « que le malentendu franco-italien a pour origine les « négociations du traité de paix ; mais les erreurs commises « alors par MM. Lloyd George et Wilson ne furent certes « pas inférieures à celles commises par M. Clemenceau. « Je ne vois donc pas pourquoi l’Italie devrait faire re-« tomber sur la France seule les responsabilités de ces « décisions ». Ces déclarations ont-elles été bien comprises à Rome ? Le problème le plus difficile est celui qui consiste à changer l’état d’esprit italien. Le Manchester Guardian de Londres conclut que si l’Italie tient à la paix de l’Europe, elle doit négocier avec la France, sans tenter de substituer une hégémonie à une autre. On a suggéré à Rome, d’après le correspondant du Daily Herald, que si l’on donne aux Yougoslaves la ferme assurance que l’Italie n’a pas d’intention sur la Dalmatie, ils pourraient laisser aux Italiens toute liberté d’action en Albanie. Un tel « gentleman agreement » aux dépens de l’Albanie formerait la base d’un traité de non agression entre Rome et Belgrade, et la France, en échange de ses