CHAPITRE VI. — L’intervention de la Roumanie. Les derniers efforts des propagandes. — L’impréparation roumaine. — Progrès des interventionnistes. — L’entrée en guerre, 23 août 1916. — Défaite et invasion. — Les traités de 1919 et de 1920. Cependant, depuis la fin du mois de juillet 1916, l’opinion publique en Roumanie vivait dans une atmosphère d’inquiétude et d’incertitude. La propagande du Bureau britannique et des Alliés s’efïorçait de contrecarrer les efforts germaniques ; la contre-corruption s’organisait contre la corruption, entraînant un abaissement général de la moralité publique. Pendant cette période, la résistance du blocus des Alliés contre le ravitaillement des empires centraux fut acharnée. Du côté allemand, la propagande la plus optimiste continuait d’être faite sur la situation économique en Allemagne ; les comptes rendus les plus flatteurs étaient répandus à profusion sur l’activité des banques austro-allemandes. L’agriculture et l’industrie germaniques étaient dépeintes sous les plus riches couleurs. L’Allemagne était représentée comme un paradis, où l’industrie et la chimie alimentaires avaient fait des miracles. Les statistiques les plus fantaisistes révélaient dans les Empires centraux des trésors imaginaires de réserves industrielles. Faisant appel à la reconnaissance de la Roumanie, la presse germanique rappelait aux Roumains que, si le royaume danubien avait atteint une grande prospérité, il la devait à la toute puissante Germanie. Elle seule avait créé les plus florissantes et les plus fortes exploitations du pétrole ; elle seule avait créé l’industrie roumaine, le commerce roumain et les finances roumaines. Mais le manque de mesure, les fautes de tact, le dédain