RIVALITÉS DES GRANDES PUISSANCES 33 nouvelles politiques dans les Etats danubiens et dans la péninsule des Balkans. Après les désastres de la France en 1870, la Russie déclara s’affranchir des clauses du traité de Paris de 1856, en ce qu’elles restreignaient ses droits de souveraineté sur la mer Noire. Après Sadowa en 1866, l’Autriche-Hongrie, déjà éloignée de l’Allemagne, restait cependant pour le gouvernement prussien un danger redoutable, si elle n’obtenait pas de compensations. Bismarck l'aida à accentuer son orientation politique à l’opposé du Rhin, vers le Danube inférieur et vers les Balkans, en même temps qu’il poussait la France vers les colonies. De son côté, la Russie, inquiète de la nouvelle orientation de l’Autriche, inaugura le second essai de panslavisme, mais, cette fois, non pas au nom de la religion grecque, mais désormais au nom du fameux principe des nationalités. Quant à la Turquie, s’apercevant, mais un peu tard, des effets dissolvants de l’amitié et de la protection européennes, elle opposa au panslavisme un panislamisme national, fondé par le parti de la jeune Turquie, sur la réaction contre l’Europe et sur la restauration de l’Islam. Et c’est la réaction musulmane, s’appesantissant sur les chrétiens de l’empire turc, dans le temps même où le panslavisme surexcitait leurs espérances, qui explique l’agitation qui troubla bientôt toute la Turquie d’Europe. L’insurrection gagne l’Herzégovine, la Bulgarie, la Bosnie, la Serbie et le Monténégro. La répression d’Abdul-Hamid II fut terrible et l’Europe, ne pouvant abandonner les chrétiens des Balkans aux massacreurs, se prépara à intervenir. Le tsar exigea en 1876 de la Porte l’autonomie de la Bosnie, de l’Herzégovine et de la Bulgarie. L’Angleterre essaya de s’opposer à l’intervention de la Russie.