L’INTERVENTION DE LA ROUMANIE 67 franchiront le Danube, pénétreront en Bulgarie par le quadrilatère et puniront les anciens Alliés infidèles de la Russie. On parlait de menaces d’ultimatum par le gouvernement austro-hongrois et de l’intervention prochaine de la Roumanie à côté des puissances de l’Entente, dès que les forces alliées de Salonique auraient réussi à assurer le passage des munitions nécessaires à l’armée roumaine. En 1916, en Roumanie, comme je l’ai indiqué, toute germanophilie et toute russophilie passaient au second plan ; au premier plan, le nationalisme était dirigé contre les Hongrois, exacerbé contre les Bulgares. Effectivement, au moment de son intervention, la Roumanie chercha encore à ne pas rompre, — sans esprit de retour -— avec l’Allemagne, et c’est à contre-cœur que, de son côté, l’Allemagne se trouva obligée de marcher avec son alliée l’Autriche-Hongrie contre le royaume danubien, Les Roumains s’excusaient auprès de l’Allemagne d’intervenir contre elle : au fond, disait-on, à Bucarest, « l’intervention de la Roumanie, contre les Austro-Hongrois, ne sera pas si mal vue par l’Allemagne, qui tient à terminer la guerre sans s’avouer vaincue, mais en sauvant la face. En présence de la Roumanie, nouvel adversaire, la Hongrie demandera une paix séparée et l’Autriche sera facilement amenée à bout de ce qui lui reste de force, si bien que l’Allemagne renoncera à soutenir une alliée aussi déplo-rablement faible. En invoquant le fait nouveau de l’intervention roumaine, l’Allemagne pourra, sans se reconnaître vaincue par la France, par l’Angleterre et par la Russie, trouver un nouveau motif pour parler de la paix ». On disait aussi que la Turquie sombrerait dans un régime russo-international quelconque et qu’au surplus l’Allema-