ALLEMANDS CONTRE SLAVES Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter de trente ans en arrière et de se remémorer l’enthousiasme que souleva, des bords de la Baltique aux côtes de Crimée, l’entrée en campagne des armées russes qui allaient porter la liberté aux Bulgares. Guerre difficile pourtant, et qui pouvait entraîner l’Empire en de redoutables complications 1 Mais l’opinion russe, toute à son idéal de dévouement à l’égard de ses frères de race, ne s’attarda même pas à la considération du danger et ne songea qu’à acclamer le tsar dont le grand cœur avait battu à l’unisson du sien. Que l’on fasse maintenant la comparaison avec le peu de popularité qu’eut, dès le début, la guerre d Extrême-Orient et que — suivant toujours le cours des événements — l’on pousse jusqu’à ce jour cette étude de la sentimentalité russe, passionnée depuis des mois par toutes les phases de la crise austro-serbe, et l’on comprendra combien il serait difficile à un gouvernement russe de vouloir se désintéresser de ce qui agite le Balkan. La sympathie pour les frères de race est un facteur avec lequel il faut compter, et l’erreur est profonde des pacifistes ignorants qui s’acharnent à dénoncer « l’ambition du — 153 —