ALLEMANDS CONTRE SLAVES le traité de Berlin allait préparer l’évolution la plus inattendue dans la politique des grandes puissances européennes en rapprochant, trente ans plus tard, ces deux adversaires que l’on avait pu croire à jamais irréconciliables : la Grande-Bretagne et la Russie. Lord Beaconsfield s’était trompé dans ses calculs, il s’était laissé jouer par M. de Bismarck et le comte Andrassy, le jour où il avait pensé faire des petits Etats balkaniques, essaimés à tort et à travers dans la péninsule, une barrière à la descente naturelle de l’empire russe vers la Méditerranée. Quelques mois plus tard ces petits Etats étaient entraînés, par l’effet de leurs rivalités et la suggestion de l’Autriche, dans l’orbite allemand ; et, si la Russie se trouvait plus éloignée qu’avant la campagne russo-turque de son but séculaire après avoir paru si près de l’atteindre, la diplomatie anglaise, qui avait tout mis en œuvre pour l’éloigner du canal de Suez, s’apercevait que sa politique anti-russe avait eu pour résultat d’ouvrir la Méditerranée à l’Allemagne dont la rivalité commerciale devait être infiniment plus redoutable aux intérêts anglais. Comme l’on devait s’y attendre, l’inaction, ou tout au moins le ralentissement d’activité de la Russie dans —: 157 —