ALLEMANDS CONTRE SLAVES affaires turques, mais qu’il visait à forger contre la Russie une arme dont il pût se servir à son gré. Depuis le jour où le Kaiser, au lendemain du massacre des Arméniens, tendait par-dessus leurs cadavres la main au Sultan rouge dont il se constituait le protecteur (i ), l’Allemagne a continué son œuvre d’envahissement de l’Asie occidentale. Elle y poursuit — toujours sous le couvert de la pénétration pacifique — une politique de conquête qui est une menace pour l’expansion russe. De cette politique audacieuse, qui heurte les intérêts russes et menace ceux de l’Angleterre et ceux — moindres, mais non négligeables — de la France, le chemin de fer de Bagdad est destiné à être l’instrument. Personne n’ignore, grâce aux journaux quotidiens, combien furent nombreuses, et opiniâtrement renouvelées, les tentatives faites par Berlin pour obtenir du gouvernement français l’admission à la cote de la Bourse de Paris des titres d’un emprunt à émettre en France, pour permettre de poursuivre les travaux de cette ligne. 11 s’en fallut de bien peu, au temps où M. Rouvier dirigeait la politique française, que (i) Abdul-Hamid proclama lui-même que le Kaiser lui avait « seul » tendu la main, alors que tout le monde, en Europe, se détournait de lui- — 186 —