ALLEMANDS CONTI\E SLAVES ture et la politique et l’on ne pourra disconvenir que les vingt années qui ont passé sur ces lignes n’en ont pas trop, quant au fond, infirmé la portée. Peut-être, toutefois, est-il permis de croire que si, pour le présent, l’accord semble parfait entre les deux grands Etats allemands du Nord et du Sud, il serait néanmoins excessif de soutenir que le rôle de fourrier du pangermanisme soit à ce point du goût de l’Autriche-Hongrie qu’elle s’y voue de plein cœur et sans arrière-pensée. Les événements actuels, qui depuis plusieurs mois retiennent du côté de l’Orient balkanique les regards de l’Europe anxieuse, témoignent que la vieille monarchie habsbourgeoise n’est nullement incapable d'un réveil belliqueux. Depuis 1878 elle paraissait s’être officiellement soumise aux nouvelles destinées à elle ménagées par le chancelier de fer ; aisément elle avait paru se résigner à n’occuper la Bosnie-Herzégovine qu’à titre précaire lorsqu’un jour elle s’est lassée de ce rôle de tutrice et a mis dans sa poche la clef du coffre-fort des pupilles qui avaient été confiés à sa maternelle sollicitude. Or, il n’y a, dit-on, que le premier pas qui coûte, et celui qu’elle vient de faire — un pas de géant,