2b 6 EN MÉDITERRANÉE nom du grand maître Pierre d’Aubusson, sous le bas-relief gothique qui porte des figures de saints. C’est là, devant ces redoutables murailles, où le blason de l’Ordre alterne avec les armoiries des Aubusson, des Amboiseet des l’Isle-Adam, sous ces robustes bastions, merveille de l’art de la fortification au xve siècle, qu’on retrouve vraiment le souvenir des soldats héroïques qui les défendirent, de tous ces grands capitaines qui, avec tant d’abnégation et de courage, ressaisirent l’épée tombée des mains des croisés et retardèrent de plus de deux siècles le triomphe de l’Islam. Et c’est aussi, et plus vivant encore peut-être, dans cette portion de la ville, qu’un rempart intérieur isole du reste de la cité et qui constituait à Rhodes le quartier noble et militaire, exclusivement réservé aux chevaliers. Sans doute la funeste explosion de 1856 a renversé l’ancienne cathédrale de Saint-Jean 5 le palais des grands maîtres, déjà fort endommagé, est devenu méconnaissable depuis que l’administration ottomane a établi une prison dans ses ruines; le couvent des chevaliers, transformé en caserne, abrite des soldats turcs sous les voûtes de son beau cloître gothique et dans l’immense réfectoire des Hospitaliers : et c’est à Versailles qu’il faut chercher les portes en bois de cyprès, couvertes de sculptures, qui le fermaient naguère et qu’un gouverneur de l’île donna en 1830 au prince de Joinville. Mais la rue des Chevaliers demeure intacte, telle ou à peu près que la virent les derniers maîtres chrétiens de Rhodes. Sur l’étroit trottoir dallé de marbre s’alignent encore les prieurés des diverses nations de l’Ordre, Angleterre et Italie, Espagne et Portugal, France et Provence, avec leurs fenêtres aux croisées de pierre encadrées de moulures, leurs gra-