20 EN MÉDITERRANÉE de douleur et de faim. Et le farouche pamphlétaire conclut, avec un accent de triomphe : « Où sont maintenant ces surnoms magnifiques et glorieux de Jovien, d’IIerculien, que s’etaient attribués insolemment Dio-clétien et Maximien ? Le Seigneur les a renversés ; il les a effacés de la terre. Célébrons donc le triomphe du Seigneur, célébrons nuit et jour par nos prières la victoire de Dieu. » N’en déplaise à ce lyrique enthousiasme et à ces malédictions tragiques, la vérité est plus simple et moins sombre. A la veille même de sa mort, le vieil empereur recevait encore de la bouche de Constantin les titres respectueux de seigneur et de père, et quand il mourut paisiblement, à la suite d’une longue maladie, les honneurs ne manquèrent point à la mémoire du grand empereur païen. Comme à ses prédécesseurs, le Sénat lui décerna l'apothéose; et comme il l’avait ordonné, sa dépouille mortelle, ensevelie dans un somptueux sarcophage, fut déposée, recouverte de la pourpre impériale, dans le mausolée qu’il s’était préparé. Sous la haute coupole, entre les murs revêtus de marbre, parmi les statues qui lui faisaient une dernière garde d’honneur, le vieil empereur reposa dans la discrète pénombre que versait l’unique fenêtre ouverte dans la rotonde sépulcrale. Il y devait reposer en paix, à peine troublé par les pas légers de quelque voleur furtif, jusqu’au jour où, au milieu du vu“ siècle, le christianisme, prenant cette fois une définitive revanche sur son persécuteur, força les portes massives qui fermaient l’édifice, dispersa au vent les cendres impériales, et mettant à leur place les reliques des martyrs, consacra au Dieu de l'Évangile le mausolée de Dioclétien. Il faudrait maintenant, pour achever d’avoir l’exacte