120 EN MÉDITERRANÉE qu’a-t-on fait? Il y a bien un chemin de fer qui, de Serajevo, descend à la côte : mais cette ligne, fort remarquable comme travail d’art, est en partie à voie étroite, et même à crémaillère : en outre elle aboutit à une impasse, ou à peu près, le petit port de Metkovic, au fond del'étroit estuaire de la Narenta, étant parfaitement inaccessible aux navires d’un peu fort tonnage. Sans doute, voilà longtemps qu’on parle de relier la Bosnie au littoral dalmate par une autre ligne qui, par Bugojno et Arzano, aboutirait au port dalmate assez important de Spalato. Chaque année, depuis dix ans, on proclame aux Délégations l’urgente nécessité de cette construction, et le ministre en tombe d’accord aimablement : mais chacun sait que ce chemin de fer ne se fera jamais sans doute, car, en augmentant la prospérité de Spalato, il risquerait de faire tort à Fiume : et h cela la Hongrie consentira malaisément1. 11 faut reconnaître toutefois qu'on a, en ces dernières années, relié à Raguse et au littoral la ligne qui va de Serajevo à Metkovic. Malgré cela, à l’heure actuelle, la Bosnie n’a vraiment de communications rapides et commodes qu’avec la Hongrie, — pas même avec l’Autriche : économiquement, elle est entièrement sous la dépendance hongroise; et ce fait m’amène à considérer un dernier point, le plus grave de tous, qui n’est plus de l’ordre simplement administratif ou économique, mais bien de l’ordre politique. 1. En décembre 1900, la diète de Dalmatie s’est fort vivement et inutilement émue du nouvel ajournement apporté à la construction de cette ligne.