268 EN MÉDITERRANÉE II Telles sont quelques-unes des impressions qu’offre au touriste curieux de pittoresque la moderne Jérusalem. Peut-être est-il plus intéressant encore de chercher, sur ce sol bouleversé par tant de catastrophes, ce qu’on peut retrouver de la Jérusalem antique. Lorsque, vers l’an 1000 avant l’ère chrétienne, David s’empara de Jérusalem et établit sur la colline orientale, celle où se dresse aujourd’hui la mosquée d’Omar, la capitale du peuple juif, l’histoire monumentale de la ville commença. Sous son règne, plus encore sous celui de son fils et successeur Salomon, un esprit nouveau anima Israël : pour la seule fois peut-être dans son existence historique, il rêva de grandeur politique et de splendeur profane. Les quarante années de paix du règne de Salomon conduisirent à son apogée ce fragile essai d’empire juif. Sous un roi peu fanatique, riche et voluptueux, épris de luxe et do pompes, docile aux influences étrangères, Jérusalem devint une capitale : son enceinte s’agrandit; sur la colline du Moria, un palais splendide s’éleva pour le prince, et plus au nord se dressa le Temple, sur l’emplacement qu’occupe aujourd’hui le Haram es Chérif. Le luxe des bâtiments fut prodigieux, et les Phéniciens, qui en furent les artisans, y multiplièrent les merveilles. Le souvenir de cette époque de gloire mondaine qui, selon l’expression de Renan, fut « le divertissement et la part du sourire dans ce grand opéra sombre qu’a créé le génie hébreu », est demeuré profondément