JÉRUSALEM 269 gravé dans l’esprit des générations postérieures : l’imagination populaire a incarné dans le nom de Salomon tous les prestiges et toutes les gloires. Pourtant, si l’on se demande ce qui reste des constructions qu’il éleva, il faut dire nettement qu’aucun vestige certain n’en subsiste. La ville dont il bâtit l’enceinte ne coïncidait point avec la moderne Jérusalem, embrassant au sud des portions que la muraille actuelle laisse en dehors et remontant moins haut vers le nord. Les blocs d’appareil colossal, ce mur des Lamentations par exemple, où l’on voudrait retrouver les substruc-tions des terrasses salomoniennes, datent incontestablement du temps d’Hérode : et quant aux restaurations ingénieuses où l’on a tenté de remettre sous nos yeux l’aspect du Temple, il faut avouer que, malgré tout leur mérite, elles sont, en l’absence de tout document précis, passablement hypothétiques. Tout ce que l’on peut avec certitude attribuer, sur le sol de Jérusalem, sinon au temps même de Salomon, du moins à l’époque des rois de Juda, c’est le vieil aqueduc souterrain creusé dans le roc du mont Moria et qui amenait las eaux, si nécessaires à l'alimentation de la ville, de la vallée du Cédron dans la piscine de Siloé; une vieille inscription permet en effet de rapporter avec certitude ce travail à l’époque d’Ezéchias. On y peut ajouter le canal voûté qui court au fond de la vallée du Tyropaeon, quelques citernes creusées dans l’enceinte du Haram, et peut-être les deux grands monolithes engagés dans l’intérieur de la Porte Dorée. Quant aux tombeaux des rois, ils restent à découvrir, et personne ne les cherche plus aujourd’hui dans la nécropole, d’époque bien plus récente, que De Saulcy baptisa à tort de ce nom retentissant.