458 EN MÉDITERRANÉE de prophètes assistait la sibylle, recueillait ses paroles obscures, ses discours incohérents entrecoupés de cris et d’exclamations et en composait l’oracle, généralement en vers, qu’on remettait aux consultants. Nous connaissons assez bien les rites qui accompagnaient la cérémonie prophétique. Tous les jours n’étaient point indifféremment propres à la consultation : Apollon avait fixé des dates pour ses audiences, et on sait comment Alexandre dut traîner de force sur le trépied la Pythie qui refusait de répondre. Tous les hommes non plus n’étaient point indifféremment aptes à interroger le dieu : aussi devait-on offrir un sacrifice préalable, où certains signes particuliers révélaient si Apollon agréait ses visiteurs. Quand tout était favorable, la Pythie, après s’être purifiée à Castalie, entrait dans le temple, revêtue d’un pompeux costume, et une feuille de laurier dans la bouche, une branche de laurier à la main, elle montait sur le trépied. Aux questions posées elle répondait, saisie par le délire divin, et les prêtres, interprétant ses paroles, rédigeaient l’oracle. On sait comment un clergé habile sut ainsi, en plus d’une occasion, rendre aux hommes politiques de la Grèce des services signalés. Les inscriptions ne nous ont malheureusement point conservé, comme à Dodone, quelques-unes des réponses faites par la Pythie : nous n’avons dans cet ordre de documents que quelques rares fragments, dont l’un fort curieux nous rapporte un miracle, assez analogue à ceux qu'enregistrent les célèbres stèles d'Epidaure,«la naissance merveilleuse d’un enfant longtemps attendu, qui vint au monde après un pèlerinage et un sacrifice offert au dieu conformément à un oracle1 ». 1. Monceaux, Les fouilles de Delphes (Revue Bleue, 4894, p. 787).