2 EN MÉDITERRANÉE rivoge de l’Adriatique, à côté de la ville de Salone, où probablement il ôtait né, il avait fait bâtir son palais dans l’un des sites les plus charmants du littoral dal-mate, entre la montagne couverte de bois et de vignobles, qui dessine à l’horizon un vaste amphithéâtre, et la mer parsemée d’iles, qui semble un grand lac paisible et bleu. Pourtant, en descendant du trône, en renonçant volontairement aux joies et aux soucis de l’autorité suprême, Dioclétien, par un sentiment naturel encore chez l'impérial parvenu qu’il était, ne pouvait oublier qu’il avait été le maître du monde, et il n’entendait point qu’on l’oubliât. 11 avait voulu que sa retraite dernière fût immense et magnifique, décorée de monuments somptueux, parée de tous les luxes et de tous les raffinements de l’art, capable de recevoir aussi l’armée de serviteurs, de gardes, de courtisans, dont prétendit jusqu’à la mort s’entourer le vieux souverain : et ainsi le palais de Dioclétien grandit aux proportions d’une ville, et, en effet, quelques siècles plus tard une ville devait s’y loger tout entière. Par une singulière fortune, ce monument, l’un des plus remarquables, l’un des plus précieux que nous ait laissés l’antiquité romaine, nous est parvenu, sinon intact, du moins assez bien conservé pour qu’il vaille d’être étudié avec quelque attention. Lorsque, trois siècles environ après la mort de Dioclétien, l’invasion barbare s’abattit sur Salone, les habitants de la ville saccagée, fuyant devant la menacedes Croates, allèrent chercher un refuge derrière les murailles ébranlées, mais solides encore, du palais impérial maintenant désert; au flanc des remparts et des tours, dans l'intérieur des vastes salles vides, dans l’entre-colonnement des portiques, ils accrochèrent leurs pauvres et misé-