132 EN MÉDITERRANÉE apolliuienne. C’est elle qui donne le Péloponnèse aux Doriens, elle qui dicte à Lycurgue l’œuvre de réforme qu’il doit accomplir, maintenant ainsi dans la lointaine Sparte la stricte obéissance qui dès l’origine avait fait des Doriens les soldats d’Apollon. Mais en même temps, avec une habileté singulière, Delphes étend son action sur les Ioniens : c’est Athènes qui, au commencement du vie siècle, engage pour lui plaire la première guerre sacrée, et en affranchissant le sanctuaire de la tyrannie des gens de Iirisa, en étendant jusqu’à la mer le domaine sacré du dieu, ouvre à ses ambitions des espoirs illimités. Et déjà le prestige de Delphes dépasse le cercle étroit de la Grèce. Quand, vers le milieu du vie siècle, le vieux temple d’Apollon périt dans un incendie, Hellènes et barbares rivalisèrent de générosité pour le reconstruire et, autour du nouveau sanctuaire, bâti par les Alcméonides avec une splendeur jusque-là inconnue, tout ce qui était alors le monde civilisé vint porter ses offrandes, ses hommages et ses prières. C’est à ce moment, pendant la seconde moitié du vi° siècle et les premières années du ve, que Delphes parvint vraiment à l'apogée de sa puissance. Dans le sanctuaire national, où tous les cinq ans les jeux pythiques réunirent, comme à Olympie, les représentants du monde grec, autour de l’oracle vénéré dont tous sollicitaient ardemment et suivaient respectueusement les conseils, Doriens et Ioniens, gens de Sparte et d’Athènes, d’Argos et de Corinthe, de Siphnos et de Chios, ceux de la lointaine Cyrène, de la lointaine Cnide, de la lointaine Marseille, les rois de l’asiatique Lydie et les tyrans de la grecque Syracuse, tous tinrent à honneur d’élever, dans l’enceinte sacrée d’Apollon, les monuments de leur orgueil, de leur puissance ou do