LES FOUILLES DE SALONE 33 des montagnes chauves dessine sur l’azur du ciel l’arêto aiguë de ses dentelures, qui, sous le grand soleil des jours d’été, flamboie en d’éclatantes blancheurs; dans la brèche qui sépare les falaises du Kozjak des cimes du Mosor, la vieille forteresse de Clissa, dressant superbement ses murailles fauves sur un rocher solitaire, prend dans la chaude lumière des aspects d’Acropole; sur les pentes qui descendent vers la plaine, les platanes et les saules, les vignes et les oliviers mettent, entre la montagne blanche et la mer bleu, les nuances apaisées de leurs verdures diverses; vers le golfe, Vranizza, « la petite Venise », éparpille sur son étroit promontoire ses maisonnettes claires qui semblent surgir des flots, et le long de la vallée où coule le mince filet d’eau du Jader, des ruines éparses trouent le sol de leurs masses sombres, débris d’édifices aux lignes irrégulières et grises, vieilles murailles dorées par le temps, blanches colonnes se découpant en hautes silhouettes sur le ciel, restes de ce qui fut Salone, cadavre de ville où se lisent tout ensemble les traces de la prospérité évanouie et la profondeur de la chute. Pour le touriste qui parcourt la Dalmatie, c’est ici une des plus jolies excursions qui se puissent faire aux alentours de Spalato; pour le savant, pour l'historien, la visite offre plus d’attrait encore. Cette Salone qui dort là sous les amas de décombres fut jadis une très grande ville, la capitale de la Dalmatie romaine, la patrie de l’empereur Dioclétien; elle fut, dans cette région du monde antique, l une des plus riches, des plus florissantes, et les débris mutilés de ses édifices, la masse des inscriptions recueillies parmi ses ruines suffisent à attester combien sa splendeur fut éclatante et XV MÉDITERRANÉE. 3