CONSTANTINOPLË 210 de'Sidon cette série de merveilleux sarcophages, chefs-d’œuvre de la sculpture hellénique à son apogée. Et je ne sais vraiment, dans ces incomparables monuments, ce qu’il faut admirer davaçtage, la fraîcheur des marbres parvenus intacts jusqu’à nous dans toute leur fleur, ou l’exquise harmonie des couleurs dont une savante et délicate polychromie a nuancé ces bas-reliefs, ou la grâce robuste et svelte de ces cavaliers qui semblent détachés de la frise du Parthénon, ou la majesté sereine et touchante de ces admirables Pleureuses, sœurs jumelles des chastes et charmantes figures qui décorent les stèles du Céramique d’Athènes. Mais le joyau de la collection, c’est assurément le précieux sarcophage auquel l’imagination populaire, toujours en quête d’épithètes retentissantes, a attaché le nom sonore — et d’ailleurs inexact — de « sarcophage d’Alexandre ». Et peu importe après tout quel prince, grec, perse ou phénicien, a dormi son dernier sommeil dans cette grande cuve de marbre, à l’archi tecture harmonieuse et puissante, à la riche décoratios.. En face du Combat de cavalerie ou de la Chasse av. lion, d’un réalisme si intense, d’un mouvement si impétueux et si pittoresque, on s’inquiète peu du problème historique qui se pose; devant ces chefs-d’œuvre authentiques et charmants, o» ne voit plus que l’incomparable science, la verve passionnée de l’exécution, que la grâce fine de ce coloris, légèrement pâli par les siècles et qui, dans ce monument unique, nous rend, comme on l’a dit, « un reflet contemporain et à peine affaibli de l’art du divin Apelle1 ». Et j’ai encore dans Th. Reinach, Les Sarcophages de Sidon (Gaz. des Beaux« Arts, 1892).