CHAPITRE IX Jérusalem. Jérusalem, comme Rome, déconcerte et déçoit tout d’abord. Tant de souvenirs divers se pressent dans son étroite enceinte, tant de monuments d’époques différentes sont rassemblés entre ses murailles, tant de chapitres d’histoire s’y disputent l’attention et la curiosité du voyageur, que l’esprit se trouble d’abord et se perd dans cette apparente confusion. Sans doute, dans ce chaos, quelques grands noms émergent, Salomon et Hérode, le Christ et les premiers empereurs chrétiens, le khalife Omar et Godefroi de Bouillon, et autour de ces points de cristallisation les impressions peuvent se fixer et se concentrer. Mais à la variété des aspects extérieurs tant de sentiments divers se joignent, selon qu’on apporte à Jérusalem les simples curiosités du touriste, la pieuse émotion du croyant, la rigoureuse méthode de la science ou les préoccupations de la politique, que peu de villes en somme sont plus difficiles à peindre avec les mots qui conviendraient. Et tant d’écrivains enfin, et des plus grands, depuis Chateaubriand et Lamartine jusqu’à Pierre Loti, ont dit en des