EN MÉDITERRANÉE rie nous être traduit : c’était le long souvenir qu’a laissé en Dalmatie l’occupation française, les bienfaits de Marmont et l’éternelle reconnaissance qu’en a gardée ce pays. Mais de tous ces discours, le plus émouvant peut-être fut celui d’un homme, patriote ardent et loyal, fidèle sujet, mais slave passionné, d’un savant, d’un historien qui connaît mieux que tout autre l’histoire de sa petite patrie. Il nous dit, avec une entraînante éloquence, et dans notre langue, comment deux invasions françaises ont successivement passé sur la Dalmatie, l’une guerrière, celle de Napoléon, l’autre très pacifique, la nôtre, et comment, sous ses apparences belliqueuses, la première fut en fait profondément pacifique et civilisatrice. Il nous dit comment, dans la Dalmatie, deux époques furent brillantes entre toutes, celle de la domination romaine, et celle de la domination française. Il nous dit les bienfaits de Marmont et la gloire légendaire dont le paysan dalmate entoure encore le souvenir du général français. Et tous ces discours se terminaient par un même mot, singulièrement émouvant lorsqu’on l’entend en une terre et sur des lèvres étrangères : « Vive la France! » Quelques heures plus tard, nous quittions Spalato. Sur les quais, sur la jetée, jusque sur la balustrade du phare, plus de deux mille personnes se pressaient, sous les plis flottants des drapeaux croates, dont les couleurs sont les mêmes que les nôtres. Aux musiques qui jouaient la Marseillaise se mêlaient les cris de : « Vive la République française! Vive l'alliance franco-russe! » Sur le pont du Sénégal, des brassées de fleurs, de petits étendards tricolores pleuvaient parmi les vivats. Avant le départ, chacun de nous avait personnellement reçu un bouquet aux couleurs nationales,