216 ËN MÉDITERRANÉE lasse point de contempler : tant, dans ce cadre pittoresque, la fête des Persans garde de couleur tragique; tant, dans la Constantinople moderne et banale, elle éveille puissamment les images du vieil Islam sombre et sanglant. III Par la Corne-d’Or flamboyante de soleil, les caïques légers nous mènent au saint faubourg d’Eyoub. En ces premiers jour de printemps, /dans le loisir de ce dimanche ottoman, Eyoub est plein de mouvement et de charme; entre les pittoresques maisons de bois, entre les boutiques et les cuisines en plein vent, un flot de populaire roule, femmes aux férédjés éclatants, enfants en habits de fête, à la grâce élégante et mutine, et les marchands de fleurs passent, avec leurs paniers pleins de grands iris jaunes, de violettes et de roses, et les chiens dorment nonchalamment dans les coins d’ombre, les grands chiens errants au profil do renard ou do loup, maîtres souverains du pavé et qui ne se dérangeraient pas pour le sultan -même. Et, au bout de la rue colorée et bruyante, ce sont les abords, maintenant silencieux et calmes, de la sainte mosquée d’Eyoub ; c’est l’avenue déserte où derrière les façades de marbre percées de grillages d’or, les blanches stèles funéraires rehaussées d’or et de bleu s’alignent à l’ombre des grands arbres, où le bruit clair dés fontaines murmurantes berce doucement l’éternel sommeil de ceux qui ont voulu dormir autour de ce sanctuaire d’Islam ; et plus haut, sur la colline, c’est le grand cimetière aux ombrages sombres, avec ses échappées de vue sur la