248 EN MÉDITERRANÉE tures du xive et du xve siècle, qui mériteraient, avant qu’elles ne disparaissent entièrement, d’être attentivement étudiées. Des inscriptions les accompagnent, latines ou grecques, syriaques ou arméniennes; mais sous la diversité des langues, l’inspiration est unique : elle vient en ligne directe d'Italie et procède de l’école deGiotto. Etcen!est pas la moindre curiosité de Fama-gouste de trouver dans ces cathédrales gothiques, dans ces églises bâties pour des Grecs ou des Syriens, des fresques qui rappellent Avignon , Sienne, ou Florence, l’art exquis des Giotto, des Lorenzetti et des Simone Memmi. Mais où le voyageur revient le plus volontiers, où il s’arrête le plus longuement, c’est sur la grande place qui s’étend devant la façade dé la cathédrale, entre le sombre portail de la salle capitulaire et les restes délabrés du palais des Lusignan. C’était le centre de la ville : là débouchait la grande rue marchande où s’alignaient les loges des nations étrangères ; là, l’évêque avait sa demeure auprès de l’habitation des rois ; et là encore les Vénitiens, qui se piquaient d’érudition, avaient, entre deux colonnes, exposé le sarcophage de Vénus, qu’ils croyaient avoir retrouvé dans les fouilles de Paphos. Là, chaque pierre rappelle quelque souvenir d’histoire. Sur cette place ont passé les cortèges des couronnements, quand, dans Saint-Nicolas, les rois de Chypre venaient ceindre la couronne du royaume de Jérusalem perdu, mais non point abdiqué; sur cette place se sont déroulées les pompes des mariages, et aussi les processions religieuses escortant les saintes reliques reconquises sur les infidèles, ou jetant aux pieds des autels, pour demander merci à Dieu, toute la population de Famagouste désolée par la peste. Ici se sont arrêtés Pierre Ier de Lusignan, le plus glorieux