LES FOUILLES DE SAtONE 5b poète de ce temps, nous honorerons les ossements ensevelis, et sur l’épitaphe et la froide pierre nous répandrons le flot des parfums. » Aux jours anniversaires des dépositions, les chrétiens se réunissaient dans les chapelles pour célébrer la mémoire de leurs morts, et de toutes parts, de pieux pèlerins venaient rendre hommage à la sépulture des saints. On n’a point trouvé à Salone, comme dans les catacombes romaines, ces précieux graffiti où les visiteurs ont si naïvement exprimé leur foi et leurs espérances; du moins les inscriptions, dont beaucoup sont écrites en grec, montrent que bien des étrangers, Grecs ou Syriens, ont tenu à reposer sous la protection des martyrs de Dalmatie. Les invasions barbares qui, au v° siècle, ravagèrent si cruellement l’Illyricum, n'épargnèrent point le cimetière chrétien de Salone; situé hors des murs de la ville, il fut exposé à toute la fureur, à toute l’avidité des envahisseurs. Il est possible qu'à l’approche des hordes dévastatrices, les reliques des martyrs aient été transportées à l’abri des remparts de la cité ; mais les sarcophages restés en place furent brutalement violés et l’espoir d’y trouver des trésors y tailla ces larges brèches qu’on y voit aujourd’hui. Les inscriptions furent mises en pièces, les chapelles ne furent guère mieux traitées. Aussi bien, durant cette longue tourmente, le cimetière semble avoir été presque à l’abandon. Pour toute la seconde moitié du v* siècle, on ne rencontre pas une épitaphe, comme si l’on avait cessé momentanément d’ensevelir les morts dans la nécropole. La restauration de l’empire au vie siècle allait lui rendre un dernier moment de splendeur. Mais, si soucieux qu’il fût de réparer les désastres de