38 EN MÉDITERRANÉE martyrs. Dans la petite maison des fouilles, vraie maison de savant, modeste et hospitalière, en face du grand cimetière chrétien dont la découverte est due tout entière à Mgr Buliô, j’ai passé, parmi les ruines de Salone, de longues heures d’instructives causeries : c’est le résumé de ces entretiens, complétés par mes observations personnelles, que je voudrais brièvement fixer dans ces pages. II Il faut, pour visiter Salone, de bonnes jambes et quelque passion de l’archéologie. Le champ des fouilles est fort étendu ; le terrain assez accidenté se creuse en ravins profonds pour se relever en collines abruptes, et d’abord les monuments qui subsistent ne semblent point valoir la peine qu’on prend pour les aller voir. Un amphithéâtre découronné de ses galeries supérieures, un théâtre plus délabré encore, des thermes à demi détruits, des débris d’aqueduc, des restes un peu mieux conservés de remparts et de tours, où des inscriptions rappellent le souvenir des légionnaires de Marc-Àurèle qui les édifièrent, une vaste enceinte enfin, de quatre kilomètres de tour, construite au commencement du vc siècle pour protéger la cité agrandie, c’est, avec quelques bâtissos anonymes et ruinées, tout ce qui reste de la colonia Martia Julia Salonae, de la florissante capitale, résidence des légats et des procurateurs, point de départ des routes qui portaient dans l’intérieur l’influence et la civilisation romaines, de la grande ville industrieuse et commerçante, qui, au iv° siècle encore, dans la détresse croissante de l’empire,