162 EN MÉDITERRANÉE de tragédie, les acteurs et les danseurs, les joueurs de flûte ou de cithare, les poètes musiciens surtout, les Aristonoos de Corinthe ou les Cléocharès d’Athènes, qui avaient composé des péans ou des hymnes en l’honneur d’Apollon. Les inscriptions montrent abondamment quelle place la musique tenait dans ces fêtes. Un jour, ce sont deux artistes d'Arcadie qui, pour rendre hommage au dieu, font exécuter par un chœur d’enfants des œuvres lyriques d'anciens poètes, avec accompagnement musical composé par eux ; une autre fois, c’est un joueur de flûte, qui, vainqueur sans concurrent, fait entendre au stade, dit le texte, « un hymne chorique intitulé Dionysos et un fragment des Bac■ chantes d’Euripide avec accompagnement de musique ». On pourrait multiplier ces exemples : mais ce qui, pardessus, prouve l’importance qu’avaient à Delphes les concours littéraires, ce sont les fameux hymnes, accompagnés de leur notation vocale, qu’on y a retrouvés. A l’exception du péan en l’honneur de Dionysos, qui date de la fin du iv° siècle, ces poèmes appartiennent tous à une même époque, c’est-à-dire au ne siècle environ ; ils ont été tous trouvés au même endroit, et faisaient partie de cette sorte de bibliothèque historique gravée sur les murailles du Trésor des Athéniens; et c’est en effet par des artistes dionysiaques d’Athènes que ces morceaux ont été exécutés, avec accompagnement de flûte et de cithare, probablement à l’occasion de cette fête des Sotéria, où Delphes célébrait la défaite des Gaulois. Dans toutes ces cantates, le sujet traité est le même, thème officiel développé, non sans élégance au reste, par des poètes officiels : pour louer le dieu, l’auteur rappelle les traits caractéristiques de sa légende, sa naissance à Délos, la manière dont il prit