CHAPITRE VI La Sainte-Montagne de l’Aihos. Dans le nord de la mer Egée, entre le golfe de Salo-nique et les Dardanelles, la presqu’île de Chalcidique projette ses trois longues pointes vers le sud. Jadis, au temps de sa splendeur, la Grèce antique avait couvert ces rivages de colonies florissantes, et l’histoire attache indissolublement aux noms de Thucydide et de Démos-thène la mémoire d’Olynthe et dePotidée. Aujourd’hui, de ces villes disparues, seul le souvenir reste, et dans la Chalcidique déserte rien de vivant n’attirerait plus l’attention, si dans la pointe orientale, la plus inhabitée autrefois et la plus sauvage, le moyen âge grec n’avait laissé une de ses plus extraordinaires créations. Le voyageur qui navigue dans les eaux septentrionales de l’Archipel aperçoit de très loin sur le ciel clair, par-dessus la mer bleue, une puissante pyramide de montagne, haute de près de 2 000 mètres, où, jusque fort avant dans l’année, de longues coulées de neige mettent sur les cimes une note blanche ; plus bas, sur les pentes, de grands bois admirables de pins et de chênes descendent au rivage en masse verte et touffue ;