LES FOUILLES DE DELPHES 149 caryatides qui 1« portent, les sculptures du fronton et cette frise merveilleuse, d’un art si savant déjà et d’une délicatesse si raffinée. On arrivait ainsi à l’un des plus beaux endroits du sanctuaire, où la route, avant de tourner au nord-est, s’élargissait en un large carrefour, tout bordé d’édifices. A l’ouest, c’était le trésor de Thèbes, un peu plus loin, ceux de Syracuse et de Potidée; c’était surtout le trésor des Athéniens, bâti au commencement du v0 siècle avec la dîme du butin de Marathon, et dont les murailles couvertes d’inscriptions ont donné à l’exploration de Delphes quelques-unes de ses plus belles conquêtes, dont les métopes et les acrotères, retrouvées parmi les ruines, fournissent un point de repère essentiel pour l’histoire de la sculpture attique. Puis brusquement, le décor change : à gauche de la route, sur tout l'espace qui la sépare du mur polygonal, des rochers bruts succèdent à l’élégance des somptueux monuments. Là se trouvaient enfermés, dans une enceinte, tous les restes vénérables du Delphes primitif, le sanctuaire de la plus ancienne divinité delphique, la Terre, et des Muses interprètes de ses oracles, le rocher où prophétisait la Sibylle, l’antre où veillait le dragon Python, et dominant ces emplacements sacrés, la haute colonne, don des Naxiens, dont le chapiteau ionique supportait un sphinx colossal aux ailes éployées, « lointain ancêtre, selon une ingénieuse remarque, du lion de Saint-Marc ». En face, de l’autre côté de la route, se trouve une autre grande place vide, entourée de bancs et d’exèdres, Yaire, comme on la nommait, où se rassemblaient les processions et où, tous les neuf ans, on représentait le drame symbolique de la lutte d’Apollon contre le serpent. Et puis les monuments recommea-