LES FOUILLES DE DELPHES 135 sible au pouvoir de l’or, il laissa trop croire que les oracles allaient au plus offrant. Dans la grande crise nationale des guerres médiques, la Pythie se montra timide et lâche; puis, après avoir « médisé », elle « laco-nisa », en attendant qu’elle «philippisât». L’immixtion perpétuelle de l’oracle dans les affaires publiques rendit, non sans raison, le clergé de Delphes suspect; la diminution de la foi, plus chancelante chaque jour et plus faible, acheva de miner son crédit. Cependant, longtemps encore, à l'influence morale disparue la prospérité matérielle survécut; longtemps encore Delphes resta, de nom, le foyer commun de l’Hellade : les offrandes y affluaient toujours, plus magnifiques que jamais ; et quand, dans la première moitié du ive siècle, un tremblement de terre renversa le temple bâti par les Alcméonides, les villes grecques, comme jadis, apportèrent volontiers leurs cotisations pour la reconstruction de l’édifice. Mais, par sa richesse même, Delphes tentait maintenant les convoitises. Jason de Phères déià songeait à faire un coup de main sur le sanctuaire d’Apollon : ce qu’il avait rêvé,les Phocidiens le réalisèrent. Maîtres du temple pendant près de dix ans, ils le dépouillèrent de toutes ses richesses ; et pour soutenir contre leurs adversaires cette longue et terrible guerre sacrée, qui introduisit les Macédoniens en Grèce, ils n’hésitèrent point à faire argent de tout, à mettreau creuset les offrandes les plus fameuses, à détruire les monuments les plus vénérés. La cruelle exécution des Phocidiens, qui marqua la fin de la lutte, laissa Delphes dévasté et ruiné. Sans doute, sous la protection des rois de Macédoine, à qui il lia maintenant sa fortune, le sacerdoce apollinien répara assez vite les perles matérielles qu’il avait