I.E PALAIS DE DIOCLÉTIEN A SPALATO 23 pour rehausser l’état de leur majesté, ils avaient échangé l’antique costume militaire des Césars contre les vêtements somptueux et le diadème de perles des grands rois. Avec Dioclétien, la transformation s’acheva et se fixa en un système de gouvwnement. Non point que cet empereur ait possédé des pouvoirs plus étendus, exercé une autorité plus absolue que ses prédécesseurs : pour tout cela, qui était le fond, l'évolution était dès longtemps accomplie. Mais dans la forme, les apparences dernières, qui masquaient encore la réalité, disparurent : tout ce que renfermait en puissance, si je puis dire, l'institution impériale passa dans le cérémonial du régime nouveau. Plus que tout autre, le parvenu qu'était Dioclétien voulut être considéré comme un monarque de droit divin, et pour marquer nettement la distance qui séparait le commun des mortels de ce « dieu présent et corporel », comme dit un historien, qu'était maintenant l’empereur, il entoura sa personne d'une étiquette compliquée et rigoureuse, « plus convenable, selon l’expression d'un contemporain, aux manières d'unecour qu’à la liberté romaine ». I Désormais le prince vécut inaccessible au vulgaire, I caché dans l’ombre mystérieuse du palais, au milieu I d'un cortège, strictement réglé par les lois d’une hié- I rarchie implacable, de dignitaires de cour, de chambel-^ lans, d'eunuques : il ne se laissa plus approcher qu’en i audience solennelle, il voulut qu’en présence de son « visage sacré » — tout ce qui toucha à sa personne reçut maintenant cette épithète — humblement on se prosternât et qu'on l’adorât comme un dieu. Pour isoler encore davantage du monde sa majesté nouvelle, pour en grandir le prestige aux yeux des sujets, il s’enveloppa de la pompe des costumes et des céré-