EN MÉDITERRANÉE duos do fresques byzantines, par ses mosquées surtout aux sveltes minarets aigus, par les maisonnettes à moucharabiés escaladant parmi les arbres verts la pente des collines, par les grands cimetières mélancoliques où dorment les morts oubliés, elle évoque les rivages du Bosphore, le décor familier de Stamboul et de Scutari. Et par là, dans une Europe qui se fait chaque jour plus banale, la Bosnie garde une variété d’aspects, un exotisme de couleurs, qui peuvent faire d’elle, pour le tourisme, un pays de prédilection. Par l’administration qui depuis vingt ans la régit, elle mérite peut-être plus d’attention encore. Dans quelle mesure l’occupation provisoire de l'Autricho tend-elle à se transformer en une définitive annexion? dans quolle mesure le nouveau régime a-t-il su résoudre les graves problèmes religieux, économiques ou sociaux, qui dominent depuis des siècles l’histoire de la Bosnie? dans quelle mesure, et dans quels sentiments, ce pays pleinement oriental s’est-il adapté aux exigences d’une civilisation occidentale et moderne? par quelle politique, souple ou énergique, et pour quels intérêts aussi, cette œuvre d’assimilation a-t-elle été poursuivie? Ces questions valent qu’on les examine, non point seulement par l’intérêt que peut offrir en elle-même une expérience de colonisation, conduite avec une rare habileté et une ténacité consciente de son but. «Placée, comme on l’a dit justement, à l’un des carrefours de la politique européenne et comme à l’entre croisement des aspirations nationales et des ambitions rivales, la Bosnie-Herzégovine a pour l’Orient et pour l’Europe une importance fort supérieure à son étendue et à sa valeur économique. Par suite, la question de la Bosnie est d'un intérêt général, autant que d’un intérêt