42 EN MÉDITERRANÉE suppléant au silence des textes, levé un coin du voile qui couvre tant de martyrs ignorés. C’est un semblable service que nous devons aux fouilles de Salone. Autour de cette métropole du christianisme dalmate, la tradition groupait une multitude de pieuses légendes; en face du souvenir de Dioclétien indissolublement attaché à ces rivages, elle se complaisait à évoquer le nom des saints tombés victimes de ses persécutions, de l’évêque Domnion et de ses compagnons, du diacre Septimus, du foulon Anastase; des Passions pleines de détails romanesques racontaient longuement leurs souffrances et lours morts héroïques, et Spalato se glorifiait de posséder dans sa cathédrale une partie des reliques des martyrs. Or, ici encore, comme à Rome, comme en Afrique, voilà que les découvertes de "l’archéologie ont donné à ces récits en apparence légendaires la réalité imprévue de l’histoire, justifiant la prédiction que faisait De Rossi il y a bien des années, lorsqu'il déclarait qu’après Rome, Salone et Aquilée fourniraient à l’étude des origines chrétiennes les documents les plus considérables et les plus précieux. Et en effet, par la série ininterrompue de leurs monuments, qui s’échelonnent depuis le iu° jusqu’au vir siècle, par l’évolution historique et juridique dont leurs inscriptions conservent la mémoire, par l’originalité de leurs dispositions et le caractère de leurs édifices, par les glorieux et authentiques souvenirs enfin des martyrs qui y furent ensevelis, les cimetières de Salone ont pour l’histoire du christianisme naissant une importance capitale. On le sent bien en Dalmatie, où les savants du pays ont, avec un zèle infatigable et une pieuse ardeur, commenté les résultats de ces fouilles mémorables : peut-être, en dehors de la Dalmatie, le sait-on