34 EN MÉDITERRANÉE durable. Peut-être pourtant cette cité disparue mérite-t-elle par ailleurs plus d’attention encore : ce lieu qui vît naître l’un des adversaires les plus ardents du christianisme, a, par un piquant contraste et bien inattendu, rendu au jour quelques-uns des monuments les plus remarquables de l’histoire du christianisme naissant. I Depuis plusieurs années, des fouilles fort intéressantes ont été entreprises sur l’emplacement de l’antique Salone. Pendant bien des siècles on l'avait oubliée. Ses ruines, comme celles de toutes les grandes villes anciennes, avaient servi de carrière aux populations d’alentour; Spalato, Trau, les villages de la côte y avaient pris sans scrupule des matériaux pour construire leurs palais et leurs églises. Les Vénitiens, gens pratiques, avaient fait mieux encore : non contents de détruire méthodiquement tout ce qui, dans les édifices demeurés debout, pouvait fournir un point d’appui aux attaques des Turcs, maîtres de Clissa — ainsi disparut en 1647 ce qui subsistait des remparts de Salone — ils mirent le reste en exploitation réglée, accordant par contrat, en échange de services rendus à la République, le droit d’extraire des ruines les marbres, chapiteaux et colonnes, et Venise elle-même s’embellit des dépouilles de la cité morte. A la fin du xvnT siècle, il ne restait plus rien des arcades et des voûtes, des belles colonnes dressées sur leurs bases, du théâtre encore intact que signalaient les voyageurs du xvi' siècle : du sol mis