LES FOUILLES DE SALONE 41 on osait à peine affirmer l’existence, on a, dans les catacombes romaines, retrouvé leurs sépultures et leurs épitaphes, souvent contemporaines de leur inhumation ; on a retrouvé les traces des pèlerins qui, dans les antiques cimetières, venaient pieusement prier sur les saints tombeaux des confesseurs de la foi ; on a maintes fois, par des détails précis, constaté l’extraordinaire concordance entre le récit des Actes et les données des monuments. Ce n’est point ici le lieu de dire comment les pieuses histoires de sainte Félicité et de ses fils, de sainte Cécile et de ses compagnons — pour citer celles-là seulement — ont trouvé dans le sol romain, grâce aux découvertes de de Rossi, des confirmations péremptoires, ou comment les actes, si suspects pourtant, des martyrs du Célius, ont reçu du témoignage des fouilles, des garanties imprévues d’exactitude : il faut lire l’admirable mémoire que M. Le Blant a consacré aux Actes des Martyrs1 pour voir quel parti fécond et sûr la science moderne peut tirer de ces documents reconquis à l’histoire, si j’ose dire, par la vertu de l'archéologie. Mais ce n’est point Rome seule qui a eu le privilège de ces remarquables découvertes. En ces dernières années, l’Afrique aussi, cette Afrique dont saint Augustin disait qu’elle est « remplie des corps des martyrs » (Africa sanctorum corporibusplena), a rendu au jour des témoins mémorables de la lutte héroïque que l’Église soutint contre ses persécuteurs ; là aussi, les inscriptions et les cimetières ont plus d’une fois confirmé avec éclat les récits des hagiographes, ou bien 1. Le Blant, Les Actes des Martyrs, supplément aux Acta sin-cera de Dow, Ruinart. Paris, 1882.