JÉRUSALEM 279 le supérieur nous disait : « Notre maison est toute française », et ce qui m’a frappé le plus à Notre-Dame de France, chez ces Assomptionnistes qui chez nous administrent Lourdes et dirigent la Croix, ce n’est point seulement la cordialité de l’accueil, la sûreté de la science, la liberté de la discussion, la hauteur du milieu intellectuel et moral ; c’est le souci surtout, à l’hôpital comme à l’école, de travailler pour la France de tout cœur1. Au moment où nous arrivions à Jérusalem, un spectacle avait d’abord frappé nos yeux : sur les hautes terrasses de Notre-Dame de France, le drapeau national était arboré, et de loin il semblait de ses plis couvrir la ville sainte, maintenir nos droits sur le pieux et lointain héritage légué par les croisades et conservé, au prix d’efforts héroïques, par « la croisade sans armes des Franciscains » et l’infatigable ténacité des ordres latins. Hélas I ce spectacle symbolique, si flatteur pour notre amour-propre, ne correspond plus guère à la réalité. Il faut bien se résoudre à voir les choses comme elles sont. Or il est certain que notre consulat général fait assez petite figure à l’ombre des énormes établissements russes qui couvrent les collines à l’ouest de la ville, et que le drapeau du tsar, hissé sur l’emplacement même où fut jadis le camp des croisés, domine de ses larges plis déployés et éclipse un peu le nôtre. Chaque année les pèlerinages russes amènent à Jérusalem un plus grand nombre de fidèles; chaque année voit s’accroître l’étendue des bâtiments russes, groupés, comme une forteresse politique et religieuse, autour du tonsulat général et de la haute cathédrale aux cou- 1. Ceci a été écrit en 1901.