186 EN MÉDITERRANÉE conséquences — qui désormais ne s’arrêteront plus : et tel était jusqu’en Occident le prestige de l’Athos, qu’on y rencontre au xie siècle un couvent de moines amalfltains, qui d’ailleurs dura peu. De bonne heure aussi, à côté de la discipline spirituelle fixée par saint Athanase, la sollicitude des empereurs de Byzance s’était préoccupée de donner une constitution à la république monacale. Dès le x6 siècle, à la tête de l’ensemble des communautés. Jean Tzimiscès plaçait un chef suprême, qu’on appelait le icpSToç, « le premier de l’Athos »; vers le même temps la munificence impériale accordait aux couvents le privilège envié d’« autodespotie », c’est-à-dire l’affranchissement de toute autorité laïque ou religieuse. Renouvelés, augmentés d’âge en âge, ces privilèges firent à l’Athos une situation sans égale dans le monde chrétien. Au xive siècle, à l’époque des Paléologues, sa prospérité était prodigieuse : on y comptait une trentaine de couvents, dont plusieurs avaient près d’un millier de moines ; et en aucun temps les donations n’ont été plus abondantes, l’éclat de la culture intellectuelle et artistique plus admirable. Universellement respectée d’un bout à l’autre de l’Orient, exempte de tout impôt, protégée contre toute ingérence étrangère, « la Sainte-Montagne », comme on l’appelait officiellement depuis le xic siècle, était pour tous, Grecs et Slaves, un lieu d’une particulière sainteté. Les Turcs mêmes, quand ils prirent Constantinople, ne touchèrent point à la situation privilégiée de l’Athos ; ils la respectent encore aujourd’hui. Sans doute, depuis les jours éclatants de sa splendeur passée, la république monastique de l’Hagion Oros a connu bien des vicissitudes et des révolutions.