272 EN MÉDITERRANÉE Hélène, sur le mont des Oliviers consacré par l’Ascension du Sauveur, à l’endroit où la tradition fixait le Cénacle, la maison de Sainte-Anne ou le tombeau de la Vierge, partout des basiliques s’élevèrent, et les souverains chrétiens des âges postérieurs, Eudoxie au ve siècle, Justinien au vi0, continuèrent à Jérusalem cette œuvre de pieuse consécration. La ferveur des pèlerinages, qui durant tout le moyen âge entraîna d’un élan ininterrompu les pieux voyageurs vers la ville sainte, acheva de fixer la tradition des lieux saints, et les guides composés à l’intention des pèlerins s’appliquèrent à localiser chaque épisode des récits évangéliques. Aujourd’hui la précision des détails topographiques est devenue d’une netteté si inquiétante, qu’elle surprend le savant et choque les âmes croyantes elles-mêmes; et vraiment, pour s’émouvoir à tous ces lieux saints contestables, pour se prosterner devant ces miraculeuses empreintes dont les personnages de l’Évangile ont marqué le sol de roc de la Judée, il faut la foi d’un pèlerin russe. Et certes il y a, je le veux bien, quelque chose de touchant et de respectable dans l’ardeur crédule de ces âmes simples, de ces pauvres gens qui, venus de si loin, ont voulu en quelque manière étreindre l’Evangile, dans « l’amour impérieux de ces humbles qui ont voulu toucher ». On a le devoir pourtant d’examiner sur quels éléments scientifiques sont fondées ces croyances. Et aussi bien la foi n’est-elle nullement intéressée à ces recherches : on peut, sans cesser de croire à la divinité du Christ, discuter l’authenticité du Saint-Sépulcre, et la tradition telle que l’ont fixée les Franciscains n’est point, je le sais, même pour des esprits profondément religieux, un dogme intangible et sacré.