200 EN MÉDITERRANÉE et dans la brume légère qui l’enveloppe, l’antique couvent, dont les portes se referment derrière nous à l’heure du couvre-feu, reprend sa physionomie des temps passés, toute sa grâce pittoresque et curieuse, toute sa poésie charmante et surannée de vieux monastère byzantin du moyen âge. ÎV En face du vieil Athos, le couvent russe de Saint-Pan téléimon — Rossikon, comme on dit plus brièvement — représente l’Athos moderne. Dans la lutte de races et d’influences, qui depuis bien longtemps déjà met aux prises les Grecs fondateurs des monastères de l’Hagion Oros et les nationalités nouvelles qui leur y disputent la suprématie, dans ce conflit qui aujourd’hui trouble profondément le calme séculaire des couvents de la Sainte-Montagne, Rossikon tient une place considérable et significative. Dès le xne siècle, des moines russes y étaient installés : puis, pour de longs siècles, l’hellénisme le reprit. Mais depuis 1839 les Russes y sont revenus, et très vite ils y sont devenus les maîtres. Le monastère était fort endetté; en vingt ans ils ont payé ses dettes et en échange du service rendu, ils ont réclamé dans le vieux couvent des privilèges, chaque jour plus considérables. Ils ont obtenu, en 1860, qu’alternativement les offices seraient célébrés, un jour en grec, l’autre selon le rite slave; en 1863 ils ont exigé que les lectures faites au réfectoire fussent soumises à la même alternance des langues. En même temps le nombre croissant de leurs moines leur assurait la pré-