EN BOSNIE-HERZÉGOVINE 117 tance à ces démarches, qu’on affecte d’y voir un effet, d’ailleurs isolé, de fâcheuses influences étrangères. En fait on s’en préoccupe plus qu’on ne dit, et doucement on s’efforce de porter remède aux plus criantes injustices. Et si enfin, pour savoir au vrai quel a été le succès de cette grande œuvre civilisatrice, on demande aux militaires ce qu’ils en pensent —icst-ce jalousie contre cette administration civile coupable d’avoir trop bien réussi? est-ce désir de paraître indispensables? est-ce autre chose? je ne sais — toujours est-il qu’ils laissent discrètement entendre que cette œuvre tant vantée pourrait bien s’en aller en fumée, le jour où elle ne s’appuierait plus sur le robuste soutien de 40 000 baïonnettes. Mais prenons pour ce qu’elles valent ces rivalités de métier, admettons même, si l’on veut, que selon l’expression populaire, « on ne fait point d’omelette sans casser les œufs » ; en d’autres termes que, si la civilisation fraîchement importée en Bosnie mécontente de.s populations dont elle trouble les vieilles habitudes, ce sont après tout les mécontents qui ont tort. On remarquera toutefois qu’il ne s’agit point dans l’espèce d’une de ces races inférieures ou prétendues telles, pour qui il est entendu qu’on leur peut apporter et imposer une civilisation supérieure, sans s’inquiéter autrement de ce qu’elles peuvent souhaiter. Ces Slaves de Bosnie appartiennent à un rameau ethnique qui, en Serbie, en Bulgarie, ailleurs encore, a révélé des aspirations propres et s’est montré capable d’un développement original de civilisation. Mais sur ce point encore, passons condamnation. La génération actuelle souffre peut-être des nécessités de la transformation trop rapide qu’on lui a imposée : du moins la génération suivante profi-